Ce matin, vendredi, c'est le jour du marché à Saint-Jean-de-Luz (le mardi aussi):
j'adore ce marché, j'y retrouve avec grand plaisir Ma marchande perso de Fruits & Légumes bio, Maïté qui vient du Val d'Adour, et j'ai aussi d'autres petits secrets de gourmande;
je vous ferai un reportage à Pâques, ce sera plus printanier!
Après un p'tit café à la fameuse Buvette des Halles (fameuse, car c'est un vrai spectacle haut en couleurs de la vie luzienne, sans compter les sardines grillées en saison), où on ne manquera pas de remarquer la jolie petite collection de cafetières, la semaine ayant démarré au pays de la chine,
j'ai évidemment fait provision d'Ardi Gasna, Mamia & Confiotes de cerises noires:
encore un truc délicieux à vous raconter.
Aujourd'hui, je vais juste vous raconter l'histoire du kiwai et de la famille Berhocoirigoin à Gamarthe, près de Saint-Jean-Pied-de-Port, sur la route de Saint-Palais, dans le pays basque très paysan.
Le kiwai est un un cousin du kiwi: c'est une liane de la même famille des Actinidiacées, elle vient d'Asie (Chine, Japon) et de Sibérie.
Le kiwai est plus petit que le kiwi et a la peau lisse; son goût est différent, sa chair est rouge et sucrée.
En 1990, la famille Berhocoirigoin décide de diversifier la production de leur ferme, alors tournée sur l'élevage de vaches laitières.
Je les avais rencontrés en 2002, je n'avais pas fait de photos (dommage!) mais je me souviens de ce que Mikele m'avait raconté.
Sur les conseils d'un ami arboriculteur, Max Fournié à Sérignac-sur-Garonne 47, qui avait démarré une petite production dans un verger en bord de Garonne, comme sur cette photo le kiwi en septembre,
Mikele décide d'essayer une culture nouvelle dans son exploitation, située en traditionnelle zone d'élévages, entre Navarre & Soule.
La plantation a vu le jour progressivement.
La première année, le plant a grimpé le long du tuteur, puis sont venues les pousses latérales, etc, jusqu’à la quatrième année où les arbres étaient en état de produire.
Mettre en place une nouvelle production fournit son lot de difficultés.
"Personne ne connaissait le kiwai ici, il n’y avait pas de coopérative ou de technicien pour m’épauler. J’en faisais venir un du Lot-et-Garonne, ce qui avait un certain coût, et je travaillais beaucoup avec des livres parlant de cette culture", m'avait expliqué Mikele, se souvenant des difficultés des débuts.
Aujourd’hui, 240 arbres s’alignent sur des petites buttes de la parcelle herbagée située juste à coté de la ferme:
sur 40 ares contre les prés où paissent les vaches de la ferme.
Des peupliers d’Italie bordent la zone comme autant de brises-vent à la culture, qui craint les courants d’air.
Le Kiwai aime aussi l’eau mais pas trop, d’où un système de micro-aspersion qui forme un nuage humide sur les buttes; la plante y boit discrétos.
En hiver, c’est du gel qu’a peur le kiwai. Un autre système d’arrosage a donc été installé; il permet la formation d’une couche de glace autour du bourgeon afin de le protéger. Une alarme se déclenche quand la température atteint 0 °C et Mikele doit alors mettre en route le système, souvent en se relevant la nuit.
Au printemps, quand 60% de la plantation est en fleurs, un apiculteur prête ses ruches à Mikele Berhocoirigoin pour que la pollinisation se fasse par le travail des abeilles.
La production de kiwai est donc conduite totalement en agriculture biologique, sans engrais chimique ni pesticide.
La récolte a lieu entre le 20 aout et la mi-octobre.
Juste un peu avant la variété précoce de kiwi,
le Summerkiwi, nouvelle en Pays d'Adour depuis 2005 (j'irai en septembre vous montrer ces vergers),
juste avant l'arrivée du kiwi français sur les marchés.
Mikeke produit environ 1,7 tonnes de fruits, à elle toute seule!
En septembre- octobre, elle vend les fruits frais aux supermarchés de la région, et au marché de Saint de Luz, via Maité, ma Primeur perso.
Et pour prolonger le plaisir, Mikele fait de délicieuses confitures.
Un goût acidulé, très doux, avec une petite note noisette ou un truc un peu boisé: faudrait voir ça avec un pro de la dégustation!
Elle a aussi eu l'idée de faire des fruits séchés en sachets sous-vide.
Séchés longuement sur des claies dans une étuve spéciale où circule l'air chaud, les kiwais sont rapidement mis en sachets et pasteurisés, donc sans conservateur, ni additif, toujours bio!
A utiliser comme des raisins ou abricots secs, dans les cakes, dans les mueslis ou petits pains que les gourmandes aiment faire maintenant avec les machines à pains.
Au marchand exclusif des Halles de Saint-Jean-de-luz, vous trouverez ces 2 produits à environ 3 euros.
C'est un produit rare, il faut donc le goûter une fois pour le découvrir; ensuite, vous retournerez le chercher aux Halles luziennes!
C'est un vrai régal, et le grand intérêt du kiwai, c'est qu'il est encore plus riche en vitamine C, en fer & magnésium, que le kiwi. C'est une mine d'or.
je me souviens en avoir beaucoup mangé aux petit-déj pendant les années où je vivais à Ascain: j'aimais beaucoup faire le marché le vendredi, et ce petit kiwai m'avait conquise.
De combien de kilo ai-je contribué à l'écoulement?!
Donc moralité, pas besoin d'aller en Chine ou en Sibérie!
En Aquitaine, le kiwai a trouvé son paradis en bordure de Garonne et surtout en Basse-Navarre, avec Mikele.
Gamarthe, c'est pas si loin de la production très qualitative du Kiwi du Val d'Adour, le seul à avoir un Label Rouge.
Il parait qu'il y en aussi, sur les bords du lac de Genève... du kiwai suisse!
Mikele Berhocoirigoin fait partie du groupement de producteurs fermiers qui ont signé la Charte Idoki:
ces paysans basques s'inscrivent dans une démarche de qualité, en agissant ensemble unis et en faisant partager leur passion du bon produit.
Les exploitations adhérentes à la charte IDOKI s'engagent à:
-Produire sainement en respectant les règles de la nature, en refusant les méthodes industrielles de production et les activateurs de croissance, en limitant la production par exploitation,
-Transformer en respectant les règlements d'hygiène,en mettant en valeur les caractéristiques naturelles du produit, en n'utilisant que les assaisonnements naturels,
-Commercialiser en toute transparence, avec identification du producteur sur le produit.
Une commission d'agrément assure le contrôle de l'application de la charte auprès de chaque producteur.
Voici l’engagement pris par les signataires :
"Nous adhérons à la Charte "IDOKI" :
toutes nos préparations sont cuisinées par nous-même, dans notre ferme, à partir d'animaux élevés par nos soins, et de nos cultures, selon le cahier des charges de cette Charte.
Nous nous engageons à produire sainement, en respectant les règles de la nature, à transformer nos produits en respectant les règles d'hygiène et sanitaires en vigueur, et à commercialiser en toute transparence."
Pour en savoir plus:
Mikele BERHOCOIRIGOIN à Uhartia, GAMARTHE 64220, 05 59 37 30 51.
Idoki, Maider Dugine [email protected] 05 59 65 85 47.
et tout savoir sur le Bio en Aquitaine,
et aussi sur le kiwi de l'Adour, en attendant d'aller revoir son Président de filière, François Lafitte,
vous savez, celui qui m'avait ramené de Nouvelle-Zélande un truc au kiwi,
ici en pleine taille de ses lianes de Kiwi, la semaine dernière après la neige,
on pourra toujours retrouver tout ce petit monde des fruits & légumes,
au salon pro, à Agen, le 13/15 mars 2007, le Sifel:
à noter un colloque qui devrait être très intéressant sur la "valorisation commerciale en agriculture bio"
ou encore au salon de la bio Bioterra, au Ficoba d'Irun, le 1/3 juin 2007.